N'hésitons pas à le dire sans ambages, de toutes les menaces que les jeunes nobles peuvent rencontrer sur Arrakis, les pilleurs d'épaves sont de loin les moins dangereux, sauf peut-être au niveau olfactif, car leur odeur corporelle est souvent répugnante. Ils ressemblent en tout point aux mendiants des rues, si ce n'est que leur donner une piécette ne suffit pas à les faire dégager.

Comme la plupart des charognards qui se nourrissent des vestiges de la guerre, les pilleurs d'épaves se déplacent en même temps que les combats, profitant de l'infortune d'autrui pour récupérer ce qui peut l'être sur le champ de bataille ou, mieux encore, lorsqu'un vaisseau vient à s'écraser.

Fort heureusement, ces tristes sires ne sont pas reconnus comme des citoyens de l'Imperium, aussi peuvent-ils être massacrés à vue. Nous ne saurions d'ailleurs trop vous recommander d'en tuer quelques-uns à votre arrivée ; cela vous fera un excellent entraînement. Cette politique a pour double avantage d'aider nos jeunes aventuriers à s'acclimater aux conditions de combat et d'empêcher la prolifération de ces cancrelats.

Si les pilleurs d'épaves se trouvent tout en bas de l'échelle sociale des hors-la-loi, les Kirabs ne sont guère plus haut. Ils constituent l'une des plus dangereuses factions de criminels, même si la menace qu'ils représentent est relative. En effet, ils ne sont pas mieux entraînés ou armés que des pilleurs d'épaves.

Mais bien qu'ils ne soient pas particulièrement doués ni bien équipés pour se battre, ils font souvent preuve d'une grande agressivité envers tout le monde et sont convaincus que prendre par la force tout ce qu'ils désirent est leur droit le plus strict. Nous recommandons vivement à nos jeunes seigneurs non accompagnés d'éviter tout contact avec les Kirabs, à moins qu'ils ne maîtrisent au moins les sept premiers stades du maniement de l'épée et qu'ils ne sachent se servir efficacement des armes de poing.

Tout comme les cinquièmes ou sixièmes filles en âge d'être mariées, les Kirabs opèrent en bande et font preuve d'une incroyable férocité une fois leur cible identifiée. Mais contrairement aux filles en surplus, l'élimination des Kirabs est autorisée, et même vivement encouragée. Les scalps arborant des marques reconnaissables de Kirabs sont très populaires chez les jeunes nobles de nos jours, et ils sont un excellent moyen de lancer une conversation en société.

Le débat quant à savoir si les esclavagistes sont des cibles légitimes fait rage dans les deux camps depuis des années. Même s'il est très mal vu de les abattre quand ils ont sur eux une autorisation officielle de se livrer à leur occupation, il est bien rare d'avoir le temps de demander ses papiers à une cible potentielle sur le champ de bataille.

Cela va sans dire que la vie des nobles a bien plus de valeur que celle des esclavagistes et, quand ce sont eux qui ont l'avantage, ces derniers n'hésitent pas à réduire les nobles en esclavage pour les vendre s'ils en ont l'occasion, voire à les tuer dans le désert avant de faire disparaître les corps.

À l'heure où nous publions ce livre, les pressions politiques entourant le chantier de Néo-Carthag, qui subit un important retard, obligent les esclavagistes à chercher toujours plus de main-d'œuvre. En cas de rencontre dans le désert, nous ne saurions donc trop recommander aux jeunes nobles non accompagnés de tirer d'abord et de poser des questions ensuite, de préférence lorsqu'il n'y a plus personne en vie pour leur répondre. Trouver de nouvelles brutes sans cervelle pour faire le commerce des maulas ne présente pas la moindre difficulté, mais nos jeunes nobles doivent être protégés et chéris, car ils représentent l'avenir de l'Imperium.

Après les soldats des Maisons prenant activement part à la Guerre des Assassins opposant la Maison Harkonnen à la Maison Atréides, les déserteurs sont parmi les plus redoutables hors-la-loi qui hantent les paysages arides d'Arrakis.

Ces renégats sont traqués sans répit par l'armée dont ils faisaient auparavant partie, avec pour conséquence qu'ils ne quittent que très rarement leur cachette, mais tous ont au moins reçu l'entraînement militaire de base, et ils savent se battre et tendre des embuscades à leurs proies. Il arrive également que des officiers désertent, et eux sont de redoutables combattants à l'épée et au pistolet.

Mais malheureusement pour eux, leur réputation font qu'ils sont des cibles de choix pour ceux qui chassent les trophées, et les lambeaux de peau avec matricule tatoué sont devenus des objets très recherchés par les collectionneurs, de même que les chevalières de certaines unités, surtout quand elles sont encore arborées par un auriculaire tranché.

Cependant, aussi tentants que ces trophées puissent paraître, nous ne saurions trop recommander aux jeunes aventuriers d'éviter les creux et les endroits obscurs s'ils ne sont pas couverts par des armes lourdes ou des ornithoptères armés jusqu'aux dents.